Deux orphelins (terminée)

C'est une fic un peu spéciale, mais j'espère qu'elle vous plaira...Avec une pensée spéciale à ceux et celles d'entre vous qui se reconnaîtront.
Merci à ma relectrice!!


DEUX ORPHELINS.



Ne pas se retourner. Marcher droit devant. Avancer. Avancer. Toujours.

Un père adoré donné pour mort un soir de Noël, quand on n'a que cinq ans; se construire, avancer quand même. Une amie assassinée, son sosie qui vient vous hanter; mon Dieu, ne pas se retourner! Ne pas vivre dans le passé alors que sans arrêt celui-ci vous frappe comme une gifle. Oublier. Pardonner. Sourire. Vivre.
Une jeunesse abîmée par l'abandon d'une mère et la violence d'un père; grandir, malgré tout. L'alcool, un mariage, un désastre; avancer, retrouver une fierté noyée dans le désespoir. Etre vivant sans se sentir coupable. Oublier. Pardonner. Sourire. Vivre.

Une famille endeuillée. Une famille détruite. Deux orphelins.
Dans leur coeur, la blessure infinie d'une absence. Dans leurs yeux, le signe des enfants grandis dans cette souffrance diffuse et permanente de ceux qui ont perdu un amour, un modèle: un père, une mère...Vivre, avec l'étrange sentiment d'être à la fois des inutiles, des amputés, des abandonnés; mais aussi des survivants, des témoins, des forts...Avancer, avancer toujours, les yeux grands ouverts et le coeur en écharpe.

Vous avez connu bien tôt la douleur de l'absence, cette morsure à l'âme dont on ne se remet jamais vraiment, ce feu dans le coeur qui ne s'éteint jamais vraiment; cette impulsion qui vous pousse à vivre, farouchement, parce que vous refusez de croire que rien ne vaut plus la peine d'être vécu, même si chaque soir l'absence se fait plus nette, plus insidieuse, même si chaque matin entre le rêve et la réalité un tout petit espoir qui s'accroche stupidement et obstinément à vous fait palpiter en vain votre coeur, et que vous en êtes conscients. Vous avez appris la souffrance en même temps que l'amour. On n'aime jamais autant que lorsqu'on est en train de perdre l'un de ceux qui sont une partie de nous.

Moi, j'ai perdu mon père et mon innocence de petit garçon au pied d'un sapin chargé de guirlandes et au milieu des cadeaux. J'ai appris à ne pas détester Noël. J'ai perdu mon amie sur un quai froid et désert. J'ai une deuxième fois perdu mon père et mon innocence. J'ai perdu tant d'êtres chers. Et je suis toujours là, pourquoi?

Moi, j'ai perdu ma confiance de petite fille au milieu des cris et des larmes de mes parents; et lorsqu'elle m'a abandonnée...J'ai appris à regarder sans broncher une dispute conjugale. A contempler sans jalousie une famille heureuse et unie. J'ai perdu mon innocence au fond d'un verre où je n'ai trouvé qu'amertume et mensonge. J'ai presque perdu l'espoir de donner la vie. Pourtant je suis toujours là, pourquoi?


Tu n'as pas perdu ton âme, Mac. Tu as su donner un sens à ta vie. Tu sais ce que tu vaux, tu poursuis ta route, avec tes blessures et tes désillusions comme autant de décorations. Et si cette fleur, au bord du chemin, est belle, tu la regardes, tu la respires, tu la cueilles. Et tu avances. Tu essaies, au moins. Je suis là pour t'aider.
Je n'imagines pas que tu puisses ne pas exister, Harm. Tu es l'image même de la vie. Un survivant, comme moi. Tu sais que ta prochaine ballade dans ce ciel bleu qui si souvent vire au gris peut être la dernière, que tout ce que tu aimes peut t'être arraché en un instant. Mais tu souris et tu avances. Tu essaies, au moins. Je suis là pour t'aider.

Nous sommes deux orphelins, nous sommes deux survivants. Mais surtout, nous sommes deux.



FIN

c'est très beau!!!