7 jours pour agir -- A strange meeting -- 3

« A strange Meeting » – 3


Troisième Partie


17:25
Mardi, 15 juin 2004
Appartement de Stephanie Lowen
Au Nord de Union Station
Washington, D.C.

Frank est dans la cuisine, enfin je devrais plutôt dire dans le réfrigérateur, à la recherche d’une bière. Heureusement que moi aussi j’aime de temps en temps boire une bière. En fait, il me fait rire par sa façon d’être : il ne fait pas trente-six détours pour dire ce qu’il a envie de dire. Il va droit au but et je crois que c’est ce que j’aime chez lui.

Il est chez moi depuis le début de l’après-midi et je n’ai aucune envie qu’il parte. Je me sens bien en sa compagnie. J’ai l’impression qu’il me voit comme je suis réellement. C’est une sensation étrange, mais si agréable. En ce début d’après-midi déjà, lorsqu’il m’a aidée, j’ai eu la sensation que Frank était différent. Mon impression semble se confirmer d’heure en heure.

De plus, il semble savoir y faire avec les personnes moins valides – ou handicapées tout dépend comment on voit les choses – comme s’il avait ou connaissait quelqu’un qui soit dans la même situation. Frank ne me donne pas l’impression que je suis moins que les autres ou inférieure à cause de ma chaise et, en plus, il ne vient pas toutes les cinq minutes me demander, lorsque je fais quelque chose, si j’ai besoin d’aide. Ça, c’est génial.

Il me laisse agir et ne vient que si je le lui demande. Je suis assise dans mon canapé et il s’approche de moi avec deux bières. De la douce musique emplit l’appartement, mais j’ignore qui chante – j’ai complètement oublié quel CD j’ai mis dans la chaîne stéréo, mais ça n’a pas vraiment d’importance pour l’instant…

J’observe Frank. Je ne peux pas le quitter des yeux. Je ne sais pas pourquoi. Je ne l’observais pas comme cela en début d’après-midi, mais qu’est-ce qui me prend ? Je deviens folle ! Oui, c’est ça je deviens folle.

Au bout d’un moment, Frank tourne la tête et me regarde.

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai un truc qui ne va pas ? »

« Heu… non… pas… pas du tout. Excuse-moi. »

« Non, c’est rien, t’excuse pas, c’est juste que le fait que tu me fixes me mettait mal à l’aise. »

« Tu m’intrigues, Frank Parker. » Lui dis-je sur un ton désinvolte.

« Ah bon ? Et pourquoi ça ? »

Je me replace convenablement dans le fauteuil, puis bois une gorgée de bière en le regardant dans les yeux avant de lui répondre.

« Pour être franche, tu m’intrigues parce que tu n’es pas comme la plupart des gens que je connais. Tu ne me demandes pas toutes les cinq minutes si j’ai besoin d’aide quand je fais quelque chose. Tu parles avec moi et tu me regardes, tu ne fais pas semblant de regarder ailleurs parce que ce que je te dis ne t’intéresse pas. Tu m’écoutes justement. »

« Ben, évidemment que je t’écoute. Pourquoi ne le ferais-je pas ? »

« Je ne sais pas. Tu pourrais me trouver ennuyeuse. Non, sérieusement, Frank, il m’est arrivé d’avoir de très mauvaises expériences avec certaines personnes et cela m’est resté car j’ai été profondément blessée par leur comportement. Mais heureusement, aujourd’hui, ce genre de chose arrive de moins en moins souvent… »

« Je vois ce que tu veux dire. C’est vrai que lorsque l’on a eu certaines expériences, que ce soit l’ignorance comme tu dis ou autre chose, celles-ci ne s’effacent jamais complètement de ta mémoire. » Dit-il plus doucement en regardant dans le vide.

Tout à coup, Frank paraît fragile. Je ne sais pas, je peux me tromper, mais je pense qu’il a dû vivre lui aussi une ou même plusieurs épreuves traumatisantes. J’aimerais pouvoir l’aider, mais je ne veux pas le forcer à parler. Je veux qu’il me parle seulement s’il a confiance en moi. Tout ce que je peux faire pour le moment, c’est de faire en sorte qu’il se sente bien.

Il m’a déjà tellement aidée simplement en étant là que j’aimerais pouvoir moi aussi faire quelque chose pour lui.

« Frank ? Tout va bien ? »

Il ne réagit pas tout de suite comme si brusquement, il se retrouvait à des milliers de kilomètres d’ici comme si ce que je venais de dire il y a quelques instants lui ravivait certains souvenirs qu’il avait tenté d’enfuir quelque part au fond de lui depuis longtemps.

Parker n’a sûrement pas dû avoir la vie facile tous les jours ou du moins c’est une impression que j’ai. Puis, brusquement, des paroles qu’il avait dites me reviennent à l’esprit. « Je n’ai pas connu mes parents et j’ai terminé dans un asile de dingues jusqu’à ce que des personnes ‘‘bien intentionnées’’ viennent m’en sortir pour me remettre dans le droit chemin… »

Je n’arrive pas à croire que Frank ait pu se retrouver dans un asile de fous car, pour moi, il me semble très stable et puis, qui n’a pas au moins une fois dans sa vie fait des choses complètement folles ou inconsidérées ? A cette question, je pense pouvoir répondre : personne.

En tous cas, pour moi, il n’est pas fou. Frank est quelqu’un de sensible. Je commence à être un peu fatiguée brusquement. Je ne peux m’empêcher de bailler. Je pense aussi que ce n’est pas uniquement à cause de la fatigue que je baille, mais également parce que je n’ai rien avaler d’autre que mon petit déjeuner ce matin à 07h30…

Je sais que ce n’est pas vraiment très malin de ma part de ne pas avoir mangé, mais avec tous les événements, la rencontre avec Frank, manger n’était pas vraiment une de mes priorités. Sauf que maintenant, il faut vraiment que je mange. Chinois me conviendrait très bien.

« Frank ? »

« Oui, quoi ? »

« Tu n’aurais pas une petite faim par hasard ? »

« Si, maintenant que tu le dis. Tu as une idée ? »

« Chinois ça t’irait ? »

« Oui parfait ! »

Je prends mon téléphone et compose le numéro du restaurant chinois afin de passer commande. Poulet curry pour moi et poulet aigre-doux pour lui. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à attendre la livraison de la commande.

Je l’observe à nouveau. Il est si différent. Harm m’a toujours traitée comme une personne normale, mais je ne sais pas comment l’expliquer, Frank semble avoir un je ne sais quoi qui fait qu’il me paraît différent – il ne paraît pas uniquement, il est différent.

Je dois être devenue complètement folle mais, je me sens bien avec lui, en sécurité. Je pense qu’il peut m’aider et que je peux faire de même pour lui…

« Steph… Steph, tu es toujours avec moi ? »

« Hum… Oui, je suis toujours là. » Lui réponds-je rougissant légèrement, honteuse de m’être laissé distraire.

« Parle-moi un peu de Harm tu as l’air de l’apprécier beaucoup ? »

Lui souriant timidement, « Oui, je l’apprécie énormément, c’est un ami merveilleux sur qui je peux compter. Il à toujours été et est toujours là pour moi lorsque j’ai besoin de lui, même si aujourd’hui, je le voit moins souvent qu’avant… »

Frank m’observe sa tête légèrement penchée sur le coté. « Comment as-tu fait sa connaissance ? » Me demande t-il visiblement intrigué.

« Harm est un ami de longue date que j’ai rencontré par hasard lorsqu’il menait une enquête pour le compte du JAG à Washington, une ville dans laquelle j’ai séjournée quelques temps. Une ville magnifique d’ailleurs soit dite en passant. Il enquêtait sur le meurtre d’un de mes amis qui se trouvait être dans la Navy. La seule personne en qui j’avais confiance venait de disparaître. Je n’avais plus rien à quoi me raccrocher, j’étais désespérée. Il est venu me voir tous les jours même après que l’enquête soit terminée. »

Il me regarde intrigué et surprit parce que je viens de lui apprendre, mais ne dit rien attend et me regarde. Je lui souris.
« Oh, je te vois venir, Frank. Mais non, ce n’est pas ce que tu crois. Il ne sait jamais rien passer entre nous. Ma vie commençait à s’étioler petit à petit et j’ai commencer à me noyer et lui il m’a maintenue la tête hors de l’eau car ce que je ne t’ai pas dit c’est que le Lt Thomas Miller, n’était uniquement mon meilleur ami, il était également mon fiancé… »

A suivre…